Après vous avoir présenté une série intitulée « utopies réalisées », il me semblait intéressant de faire le point et d’aller un peu plus loin dans le thème de l’utopie.
« Utopies réalisées » est un réseau de patrimoines remarquables du XXième siècle, dans la région urbaine de Lyon. Parmi eux, je vous ai fait visiter : les Gratte-ciel de Villeurbanne, la Cité Tony Garnier, Firminy Vert et enfin les étoiles de Givors.
L’intitulé est paradoxal, car une utopie, par définition, ça n’existe pas. L’utopie est une fiction, sans attache géographique : en grec, outopos = « lieu qui n’est pas » et eutopos = « le bon lieu ». Une utopie est impossible, mais pourtant elle utilise des moyens de représentation rendant le projet concret, comme les plans détaillés de Tony Garnier.
Il faut alors comprendre l’utopie selon Thomas More au XVIième, qui décrit une société où chacun peut accéder au bonheur. Une utopie est un regard critique sur l’époque dans laquelle elle se trouve, elle dénonce à travers des manifestes illustrant une vie meilleure. La recherche d’une ville idéale est la quête d’une société idéale, plus juste, plus égalitaire, plus éduquée. C’est cela que l’on retrouve dans les exemples des utopies réalisées : la quête du bonheur social. Elles ont vu le jour grâce aux volontés politiques désirant trouver une réponse aux taudis ouvriers : un maire audacieux s’allie à un architecte visionnaire, pour offrir un habitat digne et changer la vie des gens. Formellement, les architectes ont des propositions anti-conformistes et avant-gardistes : à Villeurbanne, la structure est en acier, à Firminy le béton est laissé brute et les éléments constructifs sont standardisés. Aujourd’hui, cela ne nous parait pas surprenant, l’utopie s’est banalisé, comme le disait Lamartine « les utopies ne sont souvent que des vérités prématurées ».
L’utopie joue le rôle de modèle, elle guide, elle inspire la réalité. Et une chose importante : l’utopie est libre, par rapport à un projet réel. L’utopie réalisée ne sera jamais fidèle à son origine, car elle se confronte à la réalité, au terrain, au budget et aux réglementations.
utopie de la "tabula rasa" de Le Corbusier qui pose la question de l'adaptation des villes anciennes aux modes de vie moderne |
L’utopie évolue avec son temps, on voit à Givors que Renaudie a la volonté de caser les codes modernes qui uniformisent les bâtiments et à travers eux la société. Et qu’en est-il aujourd’hui ? Avons-nous encore des utopies ?
Si on regarde la ville aujourd’hui et nos modes de vie, on constate que les villes concentrent la plupart de la population, il est donc plus que jamais nécessaire de penser la ville de manière globale pour faire coexister tout le monde. A quoi ressembleront nos villes ?
Aujourd’hui l’utopie se tourne vers la nature, avec des « éco-utopies », ou encore vers une expansion de la technologie, avec des véhicules dignes d’un film de science-fiction. Les deux peuvent d’ailleurs cohabiter, comme dans le projet de Luc Schuiten.
Il y a un peu plus d’un an, à la Sucrière de Lyon, se tenait l’exposition « Cités végétales : Lyon dans l’imaginarium de Luc Schuiten ». Architecte belge, Luc Schuiten propose un projet fou et poétique en introduisant la matière vivante dans l’architecture. Il ne parle pas de forme organique ou de construction en bois mais explique qu’il prend le vivant comme modèle. « Le modèle que nous suivons, le modèle industriel mène dans une impasse, c’est un modèle destructeur qui ne peut pas perdurer. Le vivant, au contraire est durable, se développe, se perfectionne. »
L’architecture entre alors en lien avec la biologie, et c’est une toute nouvelle science qui sera à développer, pour comprendre et maîtriser les éléments naturels.
Pour en savoir plus : http://www.archiborescence.net/
A travers mes recherches, j’ai aussi découvert une utopie à mon nom : « Auroville » !! Une ville hippie où règne l’anarchie divine, bon pas sûre qu’il y ait de quoi être fière en fait…
Auroville |
Et je vous invite à lire ou relire l’article que nous avions fait sur l’exposition « Dreamlands » qui se tenait au Centre G. Pompidou en 2010.
Photos: Aurore, google image
Écrit par : Aurore B.
Photos: Aurore, google image
Écrit par : Aurore B.
C'est intéressant de poursuivre sur ça ! Cela me pose la question sur la pertinence des utopies aujourd'hui, si ça a le même sens qu'avant et leur impact dans nos modes de penser de la ville du XXIème siècle...
RépondreSupprimerIl faudrait que Marine nous renseigne un peu plus sur Auroville. Apparemment c'est assez ouf comme endroit à voir. C'est l'architecte des 3 tours à Grenoble qui l'a réalisé (Roger Anger)
Merci à vous pour cet article sur les Utopies Réalisées.
RépondreSupprimerJe suis la personne en charge de la gestion de ce projet, et je vous félicite pour cet article. Celui-ci donne envie de découvrir ces sites architecturaux, mais il explique surtout clairement la notion d'utopie et permet de mieux comprendre en quoi ces 5 sites sont des utopies réalisées.
Au plaisir de vous lire sur ce site fort intéressant.
P. Arnaud
Il faut que vous lisiez également les autres articles sur les utopies urbaines. Aurore a réalisé toute une série d'articles très intéressants et nous mettant bien dans l'ambiance du lieu.
RépondreSupprimerEn tout cas, comme vous le dites, cela donne envie de découvrir tous ces sites et voir aussi ce que ces architectes ont pu faire ailleurs pour en connaître un peu plus.
Charline
L'utopie doit être vue comme un outils, et non pas quelque chose à réaliser tel quel. De jeunes architectes travaillent dans ce sens, notamment Vincent Callebaut :http://vincent.callebaut.org/
RépondreSupprimeret Olivier Dain Belmont: http://vraiment-ailleurs.eklablog.com/
Jakob
Très intéressant le lien de Jakob ! Merci !
RépondreSupprimerBonjour, si vous voulez suivre l’actualité des utopies Réalisées, et aussi participer au concours photo (le livre des utopies réalisées à gagner), je vous invite à rejoindre la page Facebook :
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