Batman, est une des fictions les plus influencées par
l’architecture. En effet, elle se déroule quasiment uniquement dans la ville de
Gotham, dont les architectes ont été des personnages représentés dans certaines
des histoires.
Chaque ville, réelle ou fictionnelle, possède un caractère
unique qui se définit par sa géographie et son histoire. Mais plus qu’un simple résultat de
l’architecture et de l’urbanisme, les villes sont aussi un reflet de la
conscience de ceux qui y vivent. Dans un autre sens, elles sont aussi à
l’origine de la conscience collective des leurs habitants et donc d’une partie
de leur culture. C’est sur ce constat que la ville de Gotham représente et
construit Batman et les autres protagonistes de ce comic.
Batman est intégralement lié à sa ville, cette ville qu’il a
juré de protéger. Dans tous les sens du terme, Batman est un avatar de Gotham,
et Gotham est elle-même un avatar de la paranoïa collective de l’urbain.
Depuis ses débuts, Gotham city est représentée comme
l’incarnation des peurs urbaines qui ont aidé à la formation des banlieues
américaines (ces quartiers paradisiaques à l’extérieur des villes et donc en
sécurité). Gotham a toujours été dessinée comme une ville sombre, peuplée de
cimetières, de gargouilles, de ruelles et d’asiles, … C’est un cauchemar, une
métropole distordue, qui corrompt l’esprit de ses habitants.
Les villes semblent souvent plus dangereuses et effrayantes
la nuit où les hommes deviennent plus violents, plus sauvages. Gotham
est quasiment toujours représentée de nuit, très peu de scènes se passent la
journée, ce qui augmente l’atmosphère étouffante de la ville.
Dans The Dark Knight, le Joker exploite la faiblesse des
hommes, l’éternel peur du noir, où toutes vos bonnes intentions ne valent rien,
où l’homme retourne à sa nature primaire. Le Joker (ou est-ce Nolan ?)
veut nous prouver que notre civilité est une superficialité imposée par la
construction de nos sociétés et par la sûreté de nos bâtiments.
Dans cet univers, on retrouve un poseur de bombe nommé Mad
Bomber, qui disserte sur la ville et critique la conformité induite par
l’architecture contemporaine de Gotham : " Vivre dans un boite,
consommer dans une boite, mourir dans une boite. Des robots, c’est ça qu’ils
veulent. Pas des gens, des robots qui consomment. Des lignes droites, des
angles droits, des boites carrées. La ville devient folle."
Mais la ville fictive, comme ses sœurs réelles, est
changeante et a revêtu plusieurs visages, en fonction des dessinateurs, des
scénaristes, des réalisateurs, …
Par le re-dessin agressif du skyline de Gotham, Mad Bomber
crée une image de ville plus comparable à celle vue par Tim Burton. Donc, quand
un nouveau lecteur attiré par le film prend un livre, la ville qu’il voit
dans les pages ressemble à celle du film. Le fait est avéré que ce personnage a
permis d’attirer de nouveaux lecteurs et à vendre plus de livres.
Plus tard, quand la ville a été détruite par un tremblement
de terre, elle se reconstruit comme une métropole de verre et d’acier, laissant
place au Gotham inspirée de Chicago de C. Nolan réalisateur de « The Dark
Knight »
Dans l’histoire « Destroyer », nous apprenons que
l’architecte fanatique Cyrus Pinkney a été engagé par le juge moralisateur Salomon
Wayne, l’ancêtre de Batman. Pour Salomon Wayne, une cité doit être un
sanctuaire, une forteresse protégeant la culture et la civilité. Pour
l’architecte, Gotham a besoin de structure pour se défendre des esprits maléfiques
responsables de la corruption de l’homme, les gargouilles sont alors les
défenseurs du bien. Mad Bomber en est parvenu à penser que les bâtiments de
Pinkney étaient littéralement des démons. Les villes ont le pouvoir d’affecter
les consciences de ses habitants. Les gargouilles de Gotham deviennent des
monstres sensés pour effrayer les gens. A travers le filtre de la folie de Mad
Bomber, Batman est ironiquement vu comme un des démons de cette cité corrompu.
En fait, Gotham est vraiment le travail d’hommes fous.
Premièrement l’architecte est un fanatique, qui par conviction et certitude
morale essaiera de donner à Gotham une image trop moralisatrice. Et en retour
la ville va agir moralement sur ses citoyens. Puis quelques années plus tard
Batman subira son influence. Né des formes perverses de la ville, Batman à eu
plus d’effet sur la ville que les gargouilles qui devaient maintenir les
habitants sur le droit chemin. Batman est en fait une force de la nature qui
vous rappelle que vous pourriez être puni.
Malheureusement, l’ancêtre de Bruce Wayne, Salomon réalisera
trop tard qu’il est en fait responsable du sort criminel de Gotham. Sur son lit
de mort il dira : « je souhaitais évincer le mal des quartiers et
des cœurs. J’ai peur qu’à la place, j’ai donné à ce mal les moyens de se
propager. » Espérons que son descendant n’a pas les mêmes regrets. On sait,
en effet, que la question à été posée à plusieurs reprises dans les comics et
les films. L’aspect monstrueux de Batman engendra cette nouvelle vague de
criminels que sont Joker et sa clique.
Finalement, Gotham city et Batman représentent très bien le
lien que l’on peut avoir avec sa ville. Ce lien est ici sublimer, mais on peut
penser que vivre dans une ville peut influencer son comportement, ou plus
probablement sa culture. Les new-yorkais ne sont pas vraiment des américains,
les stambouliotes ne correspondent pas au reste de la Turquie, les parisiens
nous traitent de provinciaux, …
On retrouver aussi, les questions fondamentales que se
posent les architectes et les urbanistes. Aussi fictives que soit cette ville,
il n’en demeure pas moins qu’elle nous renvoi à des problématiques bien réelles.
Sources : www.archidayly.com
Ecrit par Marine C.
d'après un article de Jimmy Stamp chercheur en architecture.
Pour compléter ton discours, urbanews avait également écrit un article sur:
RépondreSupprimerGotham City : une ville sombre et stupéfiante
http://www.urbanews.fr/2012/04/29/20605-gotham-city-une-ville-sombre-et-stupefiante/#.UC9wdKNZ6yU
Il y en a qui se sont amusé à dessiner les lignes de métro de la ville.
[ Charline ]