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Que faire de
ces territoires qui sont fondés sur un antagonisme ville-campagne qui est
aujourd’hui dépassé ? A l’heure actuelle, dans le paysage des périphéries
urbaines, il n’y a plus vraiment de campagne, plus vraiment de ville. Nous
sommes face à des territoires considérés comme de vastes zones urbanisées qui
cherchent leur appartenance et leur échelle.
Ces territoires
est l’un des terrains de jeux favoris de l’agence Ter. Il s’agit d’un bureau de
paysagistes fondé en 1986 par Henri Brava, Michel Hoessler et Olivier Philippe,
dont leur forte filiation avec le paysagiste Michel Corajoud qu’ils ont eu pour
enseignant se ressent dans leurs concepts. Par exemple, la notion d’ « horizon »
est souvent récurrente.
S’appuyer sur
le changement dans la représentation de la ville aujourd’hui est l’un de leurs
principes phares et leurs interventions visent essentiellement le traitement
de ces périphéries car selon eux, c’est là que les questions se posent. Dans cette
perspective, ils travaillent les articulations entre les agglomérations, entre
les territoires. Certains de leurs projets sont représentatifs de cette
nouvelle vision qui commence seulement à pointer le bout de son nez.
Comment
intégrer ces zones « d’entre-ville » ? comme ils les appellent...
Ils parlent
volontiers d’une pensée en réseau ou en flux pour ancrer leurs projets dans la
réalité des territoires du XXIème siècle. Ils distinguent deux types de flux :
ceux liés à la nature, au mouvement naturel des territoires et ceux liés aux
NTIC (Nouvelles Techniques de l’Information et de la Communication). Afin
d’illustrer cette pensée émergente de l’Agence Ter, je vais alors vous
présenter deux de leurs projets.
S’APPUYER SUR DES MOUVEMENTS NATURELS : L’EXEMPLE DU PARC DU
TRAPÈZE.
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Le parc du
Trapèze est situé dans une boucle de la Seine sur l’ancien site des usines
Renault. C’est 7 Ha destinés aux nouveaux habitants de la ZAC Seguin avec de
grandes pelouses, des aires de jeux, des jardins qui ont été créés. Proche du
fleuve, les paysagistes ont voulu créer un espace où la Seine avait le droit
d’être présente, un espace pensé en fonction du fleuve lui même, en accord avec
son mouvement. Il devient alors un parc qui accueille la Seine, qui ne la
rejette pas. L’agence a voulu montrer qu’il était possible de faire cohabiter
un espace urbain et les flux liés à la « nature » comme le fleuve :
ce ne sont pas deux choses antinomiques.
L’ensemble de l’aménagement du parc est alors conçu en accord avec le mouvement de l’eau : pluie, orage, crues, etc. Et chacun de ces changements vient reconfigurer en permanence l’ensemble du parc. On est à la fois dans une pensée de modularité de l’espace mais aussi de temporalité. L’espace se modifie au gré du temps et des saisons et on se l’approprie de façon différente. Ainsi, lors des crues, l’eau remplit la darse et le jardin devient un bassin.
LE NUMÉRIQUE POUR CRÉER UNE NOUVELLE DIALECTIQUE ENTRE USAGERS
ET ESPACE. L’EXEMPLE DU PARC MILLA-DIGITAL.
En 2008, dans
le cadre de l’exposition universelle de Saragosse, l’agence Ter a proposé un
parc tout à fait étonnant à la frange de la ville. Il s’agit du parc
«milla-digital». Il offrait à la fois un nouvel espace de nature tout en posant
la question de l’articulation entre le réel et le virtuel, entre l’espace et le
temps, et entre le parc et les usagers.
Au moment où
les NTIC ont envahi la vie de tous les habitants, on peut se poser la question
de leur place dans l’espace public. En quoi peuvent-ils être une chance pour
redynamiser l’espace public d’aujourd’hui ?
Dans ce parc
d’un nouveau genre, ce sont les passants qui vont en être les acteurs, soit de
façon éloignée via internet avec une application soit de façon proche en
interagissant directement. Ils vont en faire sa spatialité et sa programmation.
Au gré des visites, le parc évolue et se complexifie grâce au digital. En son
sein, une place a notamment été créée sous le nom « place Digitale ».
Il s’agit d’un espace où les usagers peuvent laisser leurs empreintes. Au-delà
d’une nouvelle dialectique entre le parc et les usagers, le high-tech permet de
moduler les besoins en consommation au jour le jour. Le programme est alors
fixé en fonction du temps et non plus de façon uniforme dans l’espace. Les NTIC
deviennent alors un réel outil pour gérer de façon durable les espaces publics.
LES FLUX, UNE CHANCE POUR
ORGANISER NOS TERRITOIRES OU UNE PERTE DE VUE DE LA RÉALITÉ ?
Alors que près de 80% de la planète a adopté un mode de vie
urbain, et/ou vit dans une zone urbanisée, il apparaît un besoin et une demande
de nature de la part de la population qui sont croissantes. Jusqu’à présent,
une grande partie de ces zones urbanisées s’est développé de façon anarchique
au détriment d’espaces de nature qui pouvait préexister ou être envisagés (espace agricole, forêt,
prairie, parc, etc.). Pour répondre à ces nécessités, les réflexions actuelles
se portent notamment sur leur traitement paysager comme manière d’intégrer ces
périphéries et de les coudre avec les territoires environnants, comme le
propose l’agence Ter. Comme nous venons de le voir, leur méthode est celle est
d’un travail sur les flux : prendre en compte le « déjà-là » qui sont
les forces physiques du territoire, tout en utilisant les nouveaux outils à
notre disposition.
Et vous, que pensez-vous des nouvelles technologies ? Sont-elles
une chance ou un problème à venir ?
Pour en savoir plus :
Vous pouvez lire l’ouvrage Territoires, révéler la ville par le
paysage écrit par l’Agence Ter et l’Entre-ville : une lecture de la
Zwischenstadt de Thomas Sieverts.
Et vous pouvez regarder la conférence au Pavillon de l’Arsenal :
http://www.pavillon-arsenal.com/videosenligne/collection-6-111.php
Vous pouvez aussi aller sur leur site internet : http://www.agenceter.com/
Écrit par : Etienne R.
Sources :
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