Bouchayer-Viallet se situe à l’entrée Nord-Ouest de l’agglomération grenobloise entre deux quartiers que sont Berriat et St Bruno à la forte identité. Le site est proche de grands axes de communication. Il est souvent considéré comme un « symbole de l’industrialisation » grenobloise liée à la Houille-Blanche », selon Hervé Bienfait et un « symbole de l’urbanisme » selon Jean Guibal ancien Conservateur en chef du Patrimoine et Directeur de la conservation du Patrimoine en Isère. Lorsqu’on arrive dans le quartier Berriat, on voit directement les traces de l’ancien berceau industriel qu’était le site. L’alignement d’habitations ouvrières rue de Bourgogne et rue Debelle par exemple en témoigne, ainsi que les hôtels particuliers usiniers de style moderne sur le Cours Berriat.
Les évolutions successives du site se font aussi beaucoup ressentir ; le quartier « populeux » et ses immeubles ouvriers de 1900 ont fait place à des immeubles HLM et à des alignements de villas de cadres et de nouveaux ateliers comme Lustucru (aujourd’hui disparu). Ces bâtiments sont des témoins de la mode architecturale de nombreuses époques. Et c’est en quoi ils constituent aujourd’hui un patrimoine varié et hétérogène digne d’intérêt.
Le Magasin fait partie de ce site prestigieux et je souhaite parler de ses aspects patrimoniaux et de sa réhabilitation.
ARCHITECTURE
Cet espace géant vaste et clair – comme un pont temporel entre passé-présent-futur – représente l’essence de l’architecture industrielle et fonctionnelle de la fin du XIXe siècle. C’est une trace industrielle du passé grenoblois, et même si rénové il garde des traces (coulures, fissures) comme des « fragments de passages antérieurs ».
LES ASPECTS PATRIMONIAUX
L’architecture apparaît très souvent comme l’approche la plus évidente pour la mise en valeur du patrimoine (de par les critères établis par les monuments historiques).
Le patrimoine industriel se caractérise ainsi par l’ensemble des vestiges matériels ; sites, bâtiments et installations, ou immatériels ; techniques, savoirs-faires, modes de vie, significative d’une industrie ou d’une période donnée de celle-ci dont il reste des traces suffisantes pour être « intelligibles ». Ces traces peuvent, ou non, être protégées au titre des monuments historiques. A vrai dire c’est loin d’être la majorité.
Le Magasin n’est pas un site classé mais inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Cependant il pourrait l’être ; grâce à la technicité qu’il abrite et grâce aux connaissances transmises depuis sa création, à sa fermeture.
Pour Bouchayer-Viallet la prise de conscience de ce patrimoine s’opère dès 1973 avec des travaux d’inventaire et de protection par des services du Ministère de la Culture mis en place pour la reconnaissance de cet héritage et sa conservation.
En 1980, la municipalité reconnaît la beauté typique de l’atelier, acquit sans modifications extérieures. La halle montée dans la ville y demeure comme un patrimoine, un édifice témoin d’un passé laborieux et dynamique. Ce lieu est comme un témoignage d’une industrie avide de surfaces libres et peu chères pour son expansion et sa pérennité, et ayant apporté beaucoup d’emplois pour la ville, mais également des traditions professionnelles ayant fait son prestige.
LA RÉHABILITATION
L’actuel CNAC est un témoin de l’architecture passée. Le bâtiment est redécouvert par Jean François Parent et un groupe proche de la mairie. Il y avait alors déjà écrit en grosses lettres sur la porte d’entrée l’inscription « MAGASIN ».
Le lieu a d’abord été pris en charge par le Conservatoire des Industries du Dauphiné qui présente le projet à Hubert Dubedout alors maire de la ville. Mais après les élections municipales l’équipe se désagrège et le Magasin ne consiste qu’en un dépôt d’objets industriels.
En 1982, François Mitterrand et Jack Lang lance l’idée d’un Centre National d’Art Contemporain à Grenoble. Le lieu permettait en effet à l’Etat d’appuyer sa position politique. En effet les grands travaux de 1981 prenaient pour fer de lance une politique de décentralisation d’une forme d’art sur laquelle la France était très en retard contrairement à l’Allemagne qui la pratiquait depuis longtemps.
La crise économique ne permettait pas la construction nouvelle mais la réhabilitation de vieux bâtiments. Alain Carignon (le nouveau maire) propose l’idée du Magasin et désigne Patrick Bouchain comme architecte principal et François Braize comme ingénieur conseil.
1986 marque la date d’inauguration du nouveau CNAC et l’affirmation de la position de l’Etat par rapport à la commande publique (comme celle faite à Daniel Buren au Palais Royal en 1985 par Jack Lang et François Léotard, ministre de la culture). Le lieu a à présent une notoriété internationale.
Au niveau du réaménagement du bâtiment, les concepteurs du nouveau lieu ont choisit de garder au maximum l’intégrité du lieu en gardant visible la charpente métallique et la verrière.
Patrick Bouchain a décidé de l’architecture des espaces de présentation en fonction d’une typologie opposant un espace classique de monstration (de type white cube) à un espace industriel d’où la « Rue ». Celle-ci fait 900 mètres carrés ; la hauteur des murs/cimaises est comprise entre cinq et sept mètres. C’est un espace d’exposition expérimental permettant la conception d’œuvres in situ
Écrit par : Sandra C.
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