13 juillet 2012

HISTOIRE D'ARCHITECTURE | VIVRE SUR L'EAU




Vivre au dessus de l’eau, grâce au pilotis.

Cette technique de construction de l’habitat est quasiment aussi vielle que la construction elle-même. Surtout utilisée par des pêcheurs, ces habitations étaient un moyen des plus pratiques pour vivre au plus près des sources de nourritures qu’étaient la mer ou les lacs.

Maison sur pilotis au bord du lac Inle

Ce type de constructions consiste à planter des pieux de bois dans le sol, très profondément (aujourd’hui on peut remplacer le bois par l’acier ou le béton), afin de donner une base solide tel qu’un plancher. La partie habitable est ensuite construite de manière traditionnelle. Cela peut être en bois, ou en maçonnerie, selon la culture. Cette technique a surtout été utilisée pour implanter des villages sur des berges peu profondes. On peut cependant noter une véritable ville construite de cette manière : Venise évidement.

Schéma de principe de la maison sur pilotis

La ville repose en effet sur ce système de pieux en bois d’une longueur de 4m qui s’enfoncent dans la couche d’assise de la ville. Ces pieux sont généralement fait de mélèze ou de jeunes chêne et permettent d'être utiliser en grand nombre (des milliers) pour supporter des bâtiments. Par exemple, la basilique Santa Maria della Salute est édifiée sur 1 156 672 pieux, le travail de fondation a duré deux ans.

Vue aérienne de Venise


Gagner du terrain avec le remblaiement

La deuxième solution pour construire sur l’eau est plus radicale, et est apparu plus tard dans l’histoire de la construction. C’est le système de remblaiement utilisé pour gagner du terrain sur les parties en eau. On retrouve cette technique à Istanbul, ou sur certaines parties du Bosphore qui ont été remblayées pour la construction de jardin puis de palais. Plus récemment, Monaco a gagné pas mal de m² en construisant sur la mer.

Dans un registre plus gigantesque, les Pays-Bas ont énormément étendu leur territoire en construisant des digues et en asséchant de grandes parties de la mer. Une partie conséquente de ce pays se retrouve en dessous du niveau des eaux. Mais voilà bien sa faiblesse! Avec la montée des eaux plus que plausibles dans les années à venir, tout ce pays devra répondre à des problèmes d’inondation. Certains architectes sont sensibles à ces questions et ont donné des réponses innovantes.


Les maisons flottantes

Certaines de ces réponses peuvent être les maisons flottantes, mais ce type d’habitat ne date pas d’hier. L’habitat flottant trouve son origine en Amérique du sud, en Inde, au Vietnam et en Thaïlande. On peut citer plus récemment la baie de San Francisco, où des hippies, des non-conformistes et autres libres penseurs, ont investi ce site en friche par de nombreux house boat. La baie a évolué et finalement les maisons flottantes se sont organisées autour de pontons pour créer un véritable village flottant.

maison flottante de San Fransisco

Principe de maison flottante


Plus proche de nous, à Lyon, un projet d’hôtel flottant est en train de voir le jour. Cette aventure nommée "Canabae" est basée sur le principe de barges qui servent de flotteur. L’hôtel sera construit en deux parties. L’une sera réservée à la réception, à la salle de repas et au service. La seconde aux chambres, dont le nombre pourra évoluer au fil du temps.

Visualisation du projet Canabae

Enfin encore plus impressionnant, le projet Citadel situé en Hollande sera un immeuble entier flottant sur les eaux. Bien entendu le volet écologique sera respecté et innovant. On ne peut pas proposer de vivre sur l’eau en la polluant. Enfin pour le confort des habitants, chaque appartement possédera une vue spectaculaire sur l’eau, et certains auront même la chance d’avoir un ponton privé.

Modélisation de la Citadel

Modélisation de la Citadel


Quand on parle d’habiter sur l’eau, on pense aussi très rapidement aux péniches, ces immenses bateaux à fond plat, fait pour naviguer sur les fleuves ou canaux qui servaient à l’origine pour le transport de marchandises. Aujourd’hui de nombreuses péniches sont transformées en habitation, en bar, en restaurant, etc. Ces nouveaux usages des péniches ont généralement entraîné une sédentarisation de ce moyen de transport, pourtant certaines naviguent encore.

Péniches amarré à Nantes


L’habitat nomade sur les eaux

On retrouve ce principe de maisons navigantes en Inde, dans la province du Kerala, plus particulièrement dans la région des Backwatters. Cette région est constituée d’une série de lagunes et de lacs d’eau saumâtre où la production de riz a été implantée. Reliées par des canaux naturels ou creusés par l’homme, ces lagunes sont devenues un réseau de commerce à l’échelle locale. La forme d’habitat qui s’y est développée, ressemble étrangement à des péniches. Ce sont en fait des barges sur lesquelles on a construit une habitation en bois et feuilles tressées.

Houseboats des Backwaters


On peut citer en exemple un peuple d’Indonésie, les Badjos, appelés aussi « nomades de la mer ». Ils vivent exclusivement sur l’eau, en parcourant les mers à bord de leurs pirogues qui deviennent leurs maisons. C’est un choix de vie ancré dans leur culture, une volonté de se rapprocher de la mer avec laquelle ils entretiennent un lien particulier. Tous les actes de la vie courante ont alors un rapport privilégié avec l’eau.

On retrouve ce mode de vie du "tout pour la mer" à bord des voiliers : ces bateaux propulsés par la force des vents ont été équipé de cabines servant de couchettes, de coin cuisine et de commodité pour pouvoir passer de longues périodes en mer. Il existe différentes sortes de voiliers. Ceux qui ont servi à la conquête des mers étaient de gros navires, certains possédant de vraies suites aménagées pour les capitaines et leurs hôtes. Aujourd’hui encore, certains voiliers sont aménagés chichement et d’autres sont de véritables hôtels de luxe. Ces logements de la mer sont aussi utilisés de diverses manières. Alors que pour certains ce ne sont que des logements de plaisances, d’autre les habitent au quotidien.

Voilier dans une tempête


L’eau notre nouvelle terre ?

Depuis l’avènement du pétrole, les bateaux ont évolué et on a vu l’apparition de yachts de croisière qui correspondent aux voiliers de plaisance. Cependant des mastodontes ont aussi vu le jour, pour le plaisir de voyager sur un bateau à plus petit prix. Les paquebots, véritables villages vacances flottants, ont envahi les mers. Ils ne comptent pour l’instant que des résidents provisoires (en général pour une semaine, voire un mois), mais on peut imaginer à terme de véritables villes navigantes sur les mers.

Un paquebot en mouvement


L’architecte Vincent  Callebaut y croit à travers son projet « Lilypad ». L’idée serait de construire des cités flottantes, le long des littoraux, qui ne seront pas sujettes à la montée des eaux. La cité pourrait accueillir à terme 50 000 personnes, ainsi que des activités de loisir et de travail. L’île-cité serait formée de trois collines à la surface où se répartirait ces différentes activités. Le logement serait particulièrement soigné, avec un balcon pouvant accueillir un potager biologique. L’architecture du bâtiment est inspirée d’un nénuphar géant originaire d’Amazonie. La coque serait végétale et permettrait d’attirer les espèces marines pour recréer un écosystème et subvenir aux besoins des habitant en facilitant la pêche.

Intégration des cité Lilypad dans le paysage côtier

Modélisation du projet Lilypad


Des architectes et surtout des ingénieurs ont déjà imaginé ce futur, et il faut croire que ce sera peut-être notre vie de demain.


Sources : 

Écrit par : Marine C.

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