Voir le Havre de l'extérieur est une chose, découvrir l'intérieur de ses bâtiments en est une autre. On replonge dans l'ambiance des années 1950 et dans l'ambition d'Auguste Perret : inventer un confort moderne permettant aux habitants de vivre dans un endroit calme et ensoleillé, et ainsi leur offrant le droit à l'air et à l'espace. Comme nous pouvons le voir, la réflexion menée sur le Havre va beaucoup plus loin que la simple organisation spatiale du territoire.
Un appartement a été maintenu tel qu'il était à l'époque d'Auguste Perret afin de le présenter au public. Il se trouve dans l'un des Immeubles sans affection individuel (I.S.A.I.), le premier projet réalisé au Havre par l'Atelier Auguste Perret.
UNE ORGANISATION SPATIALE ASTUCIEUSE
Lors de ma visite, le premier élément qui m'a interpellé (à peine mon pied posé) est un poteau en béton se trouvant au milieu de l'entrée. La structure de l'immeuble est apparente pas seulement en façade. L'immeuble est organisé autour d'une structure poteau/poutre, laissant ainsi le plan libre : c'est-à-dire que les appartements peuvent être très facilement modulables. Les cloisons entre les pièces ne sont pas porteurs et suivant l'évolution et les envies de la famille, certains espaces peuvent être agrandis ou redécoupés. De cette manière, la question de la flexibilité de l'espace est largement intégrée.
En se promenant de pièce en pièce, nous pouvons nous rendre compte rapidement que l'appartement est traversant. Des ouvertures sont mises de part et d'autre. (vous pouvez voir sur le plan). C'est un dispositif d'organisation spatial simple mais très intéressant pour permettre une bonne aération. Et le fait que les fenêtres soient toute en hauteur (particulier à la pensée d'Auguste Perret) offre une très grande luminosité à l'appartement.
Le passage aux chambres m'a plus que surprise dans la finesse de la modulabilité des espaces ! Par un système d'ouvertures et de fermetures, nous pouvons obtenir une suite parentale avec chambre, salle de bain et bureau pour permettre une certaine intimité entre les parents et les enfants.
Pareil pour la cuisine. Selon la volonté, la cuisine pouvait s'ouvrir ou se fermer par rapport à la salle à manger.
De nombreux rangements étaient inclus dans les murs afin d'optimiser un maximum l'espace et ainsi réduire l'encombrement par des meubles.
Les chambres sont plutôt spacieuses, mais il n'y a pas de réels pertes d'espaces. La forme du logement est compacte.
DÉCOUVRIR LE MOBILIER DE MARCEL GASCOIN
Ce qui est intéressant également au-delà de l'architecture, est de se replonger dans l'ambiance de ces années, époque de la reconstruction.
Lors de ma visite, Marcel Gascoin était à l'honneur, alors qu'habituellement, nous trouvons également des objets de René Gabriel, OSCAR, CEPAC ou Paulin Guariche. Tous ont réalisé des objets entre les années 1940 et 1960.
Marcel Gascoin est une personnalité du pays havrais qui a joué un rôle majeur dans l'émergence du design en France après la Seconde Guerre Mondiale. Son parcours est particulier. Il s'est orienté tout d'abord vers une formation technique de menuiser-ébéniste, qu'il a complété par une formation plus théorique à travers l'Ecole Nationale des Arts Déco de Paris. C'est sa rencontre avec Henri Sauvage qui va le guider dans une logique et pensée de production moderne et sociale. Par ailleurs, son intérêt pour le "bel ouvrage" et ses sources inspirations (parcours personnels et l'artisanat de la marine) l'ont conduit à beaucoup traiter ses objets avec du bois. Ces objets doivent être "utiles" et "solides".
Nous pouvons découvrir ici de nombreux mobiliers dont certains m'ont paru très connus comme les chaises en bois et osier ou certaines commodes. Nous pouvons voir qu'il cherche à optimiser chacun des espaces de rangements car pour lui il faut réussir à mesurer et à normaliser chaque objet de la maison pour ensuite réaliser un gabarit pouvant être réalisé en série.
Ce qui est présenté ici me sont apparu comme chaleureux par la matière utilisée (le bois) et leur forme (beaucoup d'arrondis), mais aussi très ergonomique. J'ai été admirative face à un petit tabouret. L'air de rien, un simple objet qui au final avait 3 positions d'usages : il s'adapte à l'évolution de l'enfant.
Pareil pour les étagères, un système de rail accroché au mur permet de clipser les tablettes et de les mettre à des hauteurs différentes qui peuvent changer dans le temps.
DE PIÈCES EN PIÈCES
Le salon
La cuisine
La salle de bain
La chambre d'enfant
Le bureau
La chambre parentale
Photographies : Charline S.
Écrit par : Charline S.
Merci Charline pour ce superbe post. J'aime également le reportage d'Aurore sur Vileurbanne : il y a bien un lien entre les deux villes même si elles ne sont pas construites au même moment - Auguste Perret et Tony Garnier sont de la même génération... je suis donc curieux d'en voir les "intérieurs" !
RépondreSupprimerC'est vrai que j'ai adoré visité cet appartement.
RépondreSupprimerA l'occasion j'ai écris un autre article sur le Havre où tu peux avoir d'autres impressions mais plus sur le plan de l'urbanisme.
Et pour ce qui est de l'article d'Aurore. J'espère voir d'autres photo de l'intérieur. je suis restée sur ma faim !