4 octobre 2012

SECRETS DES VILLES | LES JO DE LONDRES 2012

Vue aérienne du parc olympique

La capitale anglaise s'est vue attribuer les JO grâce à la justesse de la réponse en matière de conduite de projet. En effet, ces olympiades sont ancrées dans les enjeux actuels, car ce sont les premiers Jeux durables depuis le début la déclinaison moderne initiée par Pierre de Coubertin. Le changement est radical : alors que les anciennes olympiades étaient l'occasion de construire des infrastructures et des équipements monumentaux pour représenter la puissance du pays organisateur, les Jeux de Londres ont misé sur un aménagement évolutif intégré au parc existant et futur.

Voyons voir de plus près de quoi il en retourne :


Une vision métropolitaine des Jeux

Dans un premier temps, le parc olympique n'a pas été pensé en dehors du cadre existant de Londres. Il est intégré aux équipements déjà présents dans la métropole et ainsi minimise les investissements. Les premiers travaux des architectes a donc été de recenser les capacités des sites existants. Ainsi, la structure de Wimbledon a servi aux joueurs de tennis. On notera aussi l'Arène O2 au nord de Greenwich, Lord's Cricket Ground, le Wembley stadium et bien d'autres ont été utilisés comme succursales de ces Jeux.

Plan des structures des JO de Londres
Dans un deuxième temps, ces JO ont été appréhendés comme un formidable potentiel pour la ville. S'appuyant sur les investissements olympiques, la métropole a enclenché d'autres projets de renouvellement urbain. " Sur un euro investi, 75 centimes seront destinés à la régénération urbaine" prônait la London Legacy Developpement Corporation, structure créée par la mairie de Londres et le gouvernement pour la gestion du site olympique au-delà de 2012.


Un parc olympique porteur de projet

Le site choisi est un secteur industriel délaissé, rempli d'infrastructures et de réseaux vieillissants, mal desservi et sans cohérence. Le projet de Londres 2012 permet à la ville d'intégrer ce site dans un rééquilibrage de l'est de l'agglomération, dans le prolongement de Greenwich et de Canary Wharf.

Ancienne friche
La plupart des sites existants bénéficiaient de l'excellente couverture du réseau londonien. En revanche, les aménageurs du nouveau Parc Olympique ont dû travailler dans ce sens, autant en renforçant la capacité des infrastructures existantes qu'en créant de nouvelles.
La Gare de Stradford, se trouvant maintenant à la croisée de 9 lignes de transport en commun (métros et trains régionaux), a été réaménagée pour subvenir à l'affluence. De plus, à 400 m, une Gare Internationale a été établie pour relier le centre de Londres en moins de dix minutes.
Mais le choix de connectivité s'est aussi porté sur des mobilités dites douces. Ainsi, les deux entrées principales du site ont été traitées comme des pôles multimodaux (station de bus et 7000 places de parking à vélo).
Enfin, le dernier moyen pour arriver sur le site est le transport fluvial sur la Tamise et la rivière Lea, comme un prélude aux ambitions récréatives du site.

Plan des réseaux

Ce lieu était considéré comme l'un des plus pollués du Royaume-Uni. Il a donc fallu assainir les sols contaminés par des métaux lourds et des hydrocarbures. Trois ans ont été nécessaires au traitement de deux millions de tonnes de terres, ce qui engendra la plus grande opération de dépollution du pays.
Il a fallu ensuite démolir 192 bâtiments industriels ainsi que bon nombre d'infrastructures propres au site.

La pollution du site
Un nouveau poumon vert naît de cette dépollution. Le Parc de la Reine Elizabeth est l'un des plus grands parcs urbains de la capitale, déjà bien doté, avec ces 150 ha aménagés en espaces verts (contre 140 ha pour Hydepark). Aujourd'hui, le parc est constitué de vastes étendues herborées et plantées, au sud (partie urbaine) et des zones plus sauvages au nord.
Ces espaces sont devenus des réservoirs importants pour la faune et la flore locale. C'est un véritable corridor écologique qui a été conçu pour relier la Tamise à la Lea Valley. Les essences ont donc été choisies en fonction de la palette végétale locale.
Le parc se met en place selon un phasage très précis. Alors que les Jeux sont finis, les objectifs sont aujourd'hui d'améliorer les connexions et de compléter les jardins. La partie nord du parc doit d'ailleurs rouvrir en juillet 2013, soit un an après les dernières épreuves paralympiques.

Le nouveau Parc de la Reine Elizabeth 
Ce parc urbain sert de ligne guide autour duquel le Parc Olympique s'est implanté. Les différents jardins font donc offices de liens entres les équipements sportifs et organisationnels. Le tout sera bien évidement recalibrer lors de la phase suivant le déroulement des JO.
Par exemple, la quinzaine de ponts desservant le parc et permettant d'accéder aux différentes structures seront partiellement ou totalement démontés. Nous pouvons voir les passerelles démontables en blanc et celles qui resteront en jaune. 
A noter : la passerelle de l'agence Kenegen Peng, au centre du parc, plus large que longue pendant les Jeux (voir n°1 sur la photo), laissera place à une plateforme plus fine en forme de Z (n°2 sur la photo) donnant la part belle à l'écluse Carpenters de 1930, vestige du passé industriel du site.

Passerelles démontables
Vers des quartiers de ville ...

Le masterplan du parc olympique est accompagné dès 2005 par une vision d'aménagement à long terme (sur 30 ans). Les JO semblent une parenthèse dans la requalification de ce site, même si, de l'aveu des autorités, cet évènement permet d'accélérer le processus et d'y investir plus d'argent.
Les Jeux laisseront donc un trace (espaces public, voies fluviales, connexions piétonnes, etc.) qui seront facteurs d'activités pour les quartiers à venir.
Afin d'éviter la dégradation après les Jeux, les parcelles seront rapidement affectées à un usage, même s'il n'est que temporaire.
Enfin, l'élaboration du projet et le phasage ont été définis en concertation avec les quartiers voisins, qui ont même choisi les noms des nouveaux quartiers.



2012 :
L'accueil des Jeux Olympiques a été la première étape de l'évolution du site. Les équipements ont été placés de manières à pouvoir être facilement réutilisés. Les organisateurs voulaient "éviter de créer une enclave sportive". Ils ont donc "laiss[é] suffisamment d'espaces entre les équipements pour un remplissage progressif par des fonctions mixtes".



2012-2014 :
Les premières reconversions se feront dès 2012 avec celle du village olympique qui deviendra East Village. Ce dernier qui accueillait 1700 athlètes sera transformé en 2818 logements allant du T1 au T4. La moitié d'entre eux sera affectée à l'accession à la propriété, l'autre sera dédiée au loyer modéré.
Ensuite, la reconfiguration des équipements se fera sur 2 ans en passant par le démantèlement partiel ou complet et l'adaptation des sites aux futurs usages. Pendant ce temps, le parc restera actif avec la réouverture de sentiers piétons, puis du parc nord et enfin du vélo-parc (ancien vélodrome et extérieur) fin 2013.
Le réseau viaire sera densifié et les principales voies de dessertes prévues pour les milliers de spectateurs seront réduites et intégrées. Les zones réservées aux quartiers en devenir seront peu à peu loties pour commencer les constructions en 2015.


2015-2030 :
La logique londonienne est d'urbaniser les franges des grands parcs urbains, ce site ne dérogera pas à la règle et le Parc de la Reine Elizabeth se verra entourer de tous nouveaux quartiers. On pourra y trouver des logements, mais aussi des commerces et des bureaux, et il est même prévu un campus universitaire. Ces constructions prendront places dans les interstices laissées entre les éléments déjà présents. L'objectif annoncé est de ne plus reconnaître le parc olympique des quartiers avoisinants.
Dans 20 ans, la zone doit rattraper le reste de Londres. Au moins 8000 logements (dont 35% de sociaux) sont prévus en plus du village des athlètes. Il sera aussi créé toutes les infrastructures nécessaires à cette nouvelle population (écoles, crèches, hôpitaux, équipements culturels, ...)


Une seconde vie pour les équipements

Au total, neuf sites ont été construits dans le parc olympique de Londres. Après ces évènements, ils seront soit conservés soit démontés partiellement ou entièrement.

Le stade olympique :

Vue de nuit
Il sera reconverti en stade de football plus petit. La réduction de sa capacité d'accueil se fera par le démantèlement de 55000 des 80000 places qui sont montées sur une structure légère en acier et béton. L'agence d'architecture Populus qui a construit ce bâtiment pensait que cette contrainte pouvait être tournée en avantage. Connaissant donc la vie plutôt courte de la majorité de l'édifice, les architectes en ont profité pour utiliser une palette de couleurs plus large qu'à l'ordinaire, puisqu'il n'y avait pas besoin que les couleurs  survivent à plusieurs étés au soleil. Dans la même optique, plusieurs matériaux de moindre qualité ont pu être utilisés tels que les tissus des fauteuils des tribunes.

Vue de l'intérieure
Le centre nautique :
Vue du bâtiment avec ses extensions
Situé dans la partie sud du parc olympique, il a été conçu par la célèbre architecte Zaha Hadid. Il était doté pour les Jeux de gradins supplémentaires et il possédait alors une capacité de 17500 places. La construction permanente, quand à elle, n'en fera que 2500 et sera à la disposition des londoniens. La silhouette du bâtiment est facilement reconnaissable par son toit courbe de 160 m de long pour 90 m de large. Elle se compose d'une ossature en acier et d'une peau en aluminium. La charpente à double courbure a été assemblée sur un support temporaire puis fixée à trois appuis en béton armé. La forme arrondie de la structure permet à la lumière naturelle de pénétrer par les façades vitrées et évite ainsi une surconsommation d'électricité.

Construction de la structure de la charpente

Vue intérieure
Et bien d'autres structures ...

Bassin de Water-polo

Salle de Basket

On notera ensuite la salle de basket et le bassin de water-polo qui seront entièrement démontés grâce à leurs structures légères et leurs matériaux recyclables. Il a cependant été émis l'idée que ces édifices pourraient être démontés puis remontés ailleurs, peut-être pour les prochains JO de Rio en 2016.

Structure entièrement démontable de la salle de basket

Sources : 
Le moniteur, 15 juin 2012 : p.26 à 51

Illustrations : Le moniteur, 15 juin 2012 : p.26 à 51 / google images

Écrit par : Marine C.

4 commentaires:

  1. Juste une question mal construite mais compréhensible très simple :

    Est-ce que au début de la construction du stade olympique de Londres , des écoles et des hôpitaux ont - ils été construits?

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  2. la construction du stade olympique a t-il eu des diverses problèmes dans d'autres pays?

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  3. Concernant la deuxième question, sur le plan technique et "prouesse architecturale", le stade olympique de Pékin a été un véritable casse-tête. Des mois de réflexion avec des ingénieurs.
    Après en tant que "problèmes" vous avez une idée précise ?
    - Charline -

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  4. Pour ce qui est de ta première question, est-ce que des hôpitaux et des écoles ont été construites?

    Je peut te dire que les écoles ne seront construite que dans le deuxième temps du projet, en même temps que les quartiers d'habitations.

    Pour les hôpitaux, je crois que le village olympique et d'autres endroits des JO, possédait des aménagements pour la santé des sportifs, mais je ne suis pas sure qu'ils pourront être transformé pour la population. Mais d'autres centres de soins seront bâtis.

    - Marine -

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