23 janvier 2013

MÉMOIRE VIVE | 1853 : LES DOCKS DE LA JOLIETTE


Rappelez-vous le désordre des marchandises sur les quais, les cris, les accrochages entre les bateaux de gros tonnage et les petites embarcations… ! Souvenez-vous  de la tradition du négoce marseillais !

Port de Marseille, 1826, Alphonse Moutte (CCIMP)

Nous sommes au début du XVIIIème siècle et les quais marseillais s’apprêtent à vivre une révolution économique, technique et urbaine. Sur le modèle anglais de Liverpool, Marseille adopte les « docks ». Ce terme désigne les bassins flottants permettant de maintenir à quai les bateaux dans les manœuvres de transbordement, et ce, sans craindre les mouvements de la marée. L’aventure de la modernité à la sauce british, permettrait au port d’accueillir en un même lieu les docks, les entrepôts, les machines… En somme de centraliser les opérations. Et ce gain d’efficacité attirerait la haute navigation commerciale à la défaveur d’autres ports plus ancrés dans l’histoire.

Gravure de Blanchard (CCIMP)
Le chemin de fer précipite le choix de La Joliette et l’inauguration a lieu en 1853. Le plan du port se dessine en trois actes : les quais de rives forment un angle obtus et sont repris sur la mer ; une grande jetée est tirée au large et parallèlement aux rives afin de bloquer la houle et les anglais ; des traverses perpendiculaires délimitent une série de bassins. Les édifices comprennent des hangars ouverts sur la voie publique et un grand entrepôt (édifice le plus couteux et le plus grand de la ville au XIXème). Aussi les treuils, les grues servent de passage vers les rails. Les docks sont une immense machinerie de 2 ha mais qui reste cohérente et fluide grâce au concours de P. Talabot (financeur et propriétaire) et G. Desplaces (ingénieur spécialisée dans la maçonnerie), les deux pilotes de ce projet.

Plan du port de Marseille et des docks (CCIMP)

La figure de proue reste le grand entrepôt. Il s’appréhende comme un train puisque 5 corps de bâtiments se succèdent. La locomotive est ici représentée par l’Hôtel d’Administration de la Compagnie, un élégant immeuble de brique et de pierre érigé dans un style néo-Louis XIII. Derrière, les wagons sont des copiés-collés d’une typologie qui promeut une cour centrale ouvrant sur les quais par des portes cochères et bordée sur trois côtés par six étages. La fonte s’ajoute aux matériaux pour limiter les risques d’incendie et pour rythmer l’espace en module de stockage de 500 m².

L'Hôtel d'Administration de la Compagnie et les docks (Terris, 1875, Archives Municipales de Marseille)

Les docks-entrepôts sont alors jugés par les ingénieurs comme la finalité d’une expérience vécue à Liverpool, Londres, Le Havre, Hambourg pendant près d’un siècle.


Pour en savoir plus :
http://www.marseille-tourisme.com/fr/decouvrir-marseille/marseille-et-son-patrimoine/les-docks/
C. Jasmin, 1991, « La marque de génie », in Marseille au XIXè siècle, Rêves et Triomphe, Ed. Musées de Marseille
J.L. Bonillo, R. Borruey, D. Espinas, A. Picon, 1992, Marseille, ville et port, Ed. Parenthèses

Écrit par : Raphael B.


Sources :

Les docks de La Joliette, édité par la ville de Marseille avec l’Office du Tourisme
CCI Marseille Provence


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