HISTORIQUE DU PATRIMOINE MONUMENTAL FRANÇAIS
La politique en faveur du patrimoine résulte de deux épisodes marquants de l’Histoire Française : la Révolution et la Séparation de l'église et de l’État.
1789, la Révolution Française éclate. La population antiroyaliste réagit sous la forme de pillage et de destruction des biens royaux ou symboliques d’un système royaliste (la bastille, châteaux, tombeaux de la Cathédrale de St Denis…). Face à cette réaction (normale en temps de révolution, actuellement l’Égypte : suite à sa révolution de son système politique, subie une période de pillage des fouilles archéologiques et des monuments : pyramide, temple…) un courant est créé par les intellectuels de la Révolution et déclare le patrimoine royal comme appartenant à tous comme bien national.
1905, L’Église se sépare de l’ État. Les édifices cultuels sont confiés à l’ État et aux collectivités locales. La séparation affirme la supériorité de l’ État dans ce domaine.
Dans les années 70, la décentralisation notamment culturelle (transfert de certains biens aux collectivités territoriales), marque la nouvelle étape de politique patrimoniale. Le souci de préservation a facilité la connaissance du patrimoine, mais l’ampleur de la tâche n’aurait pu suffire sans la participation d’autres acteurs de l’ État.
Décembre 2010, une loi relative au Patrimoine Monumental Français est présentée et proposée par le Sénat. Elle dénonce le non encadrement d’un « processus de précaution permettant de garantir la cohérence de la politique patrimoniale nationale ». L’objectif est de « réactiver le principe pour transférer des monuments appartenant à l'État, identifier les monuments ayant une vocation culturelle, et enfin encadrer la procédure de transfert des monuments de l'État aux collectivités territoriales ».
Cette proposition de loi fait suite à la polémique de la vente de l’Hôtel de la Marine à Paris.
L'HÔTEL DES GARDES MEUBLES DIT LA MARINE
Louis XV lance le projet d’aménagement de l’espace libre entre le Jardin des Tuileries et les Champs-Élysée au XVIIIe siècle. Il est composé de la Place de la Concorde et l’Hôtel des Gardes Meubles dit de la Marine. Cet ensemble est conceptualisé par le premier architecte du roi : Ange-Jacques GABRIEL.
L’hôtel du Garde Meuble accueille les collections du royaume (les biens les plus précieux : tapisserie couronne du roi…) où elles sont entretenues et restaurées si nécessaire (actuellement on pourrait les confronter aux archives et sous sols des grands musées français par l’importance de leur bien). L’hôtel par les biens qu’il abrite mais surtout par la qualité de ses boiseries et de ses décors intérieurs.
« Bien que remaniés sous le Second Empire, les grands salons d'apparat et surtout la Galerie Dorée conservent encore certains éléments du décor d'origine. » J.-M. De PEROUSE
A la révolution, de nombreux pillages furent produits et les bijoux de la couronne volés. Libre d’occupation, le Ministère de la Marine profite de cette opportunité en 1792 et s’y installe définitivement jusqu’à aujourd’hui.
En 2009, la Marine Nationale lance son projet de déménagement pour rejoindre le Ministère de la Défense dans le XVe arrondissement. L’hôtel est mis en vente, le déménagement est prévu pour 2012. Cette décision a pour conséquence de créer une polémique sur le devenir des biens de l’État entre public et privé.
LA POLÉMIQUE DE L'HÔTEL DE LA MARINE
Nicolas SARKOSY président de la République propose de louer de façon emphytéotique l’hôtel à un bailleur privé et lance un appel d’offres (bail emphytéotique = contrat de location sur une longue durée de 99 à 999 ans).
Divers projets sont présentés, certains farfelus, d’autres catastrophiques pour l’intégrité du monument. (J’entends par intégrité le respect du bâtiment et de son patrimoine culturel). L’un surtout soulève plus de réactions que les autres : « le projet la Royale » par Alexandre ALLARD (projet soutenu par l’ancien Ministre de la Culture Renaud DONNEDIEU DE VABRES et en tête des projets proposés).
« Depuis huit ans, je cherche à réaliser quelque chose qui manque en France dans le monde du luxe, lequel est devenu luxe de masse. On est passé à côté de l'aspect fondamental, celui de la recherche de l'authentique, avec moins de marketing et plus de créativité. Cela se traduit par un lieu pour l'incarner. Avec l'hôtel de la Marine, on a une superstar.[…] Le cœur du projet, c'est un lieu rassemblant toutes les formes d'expression des arts plastiques, un lieu de rencontres, d'expositions, d'événements pour les marchands, les artistes, les mécènes, les galeries, les collectionneurs, les musées, les fondations. »
Extrait de l’interwiew d’Alexandre ALLARD par Le Monde du 22 janvier 2011Ce que reprochent les réactionnaires :
- Le projet ne prend pas en compte le devenir du mobilier présent dans l’Hôtel (commandé et confectionné pour le site et conserver depuis à l’interieur);
- La notion d’ouverture au public et elle aussi pas mentionné (temple du luxe et de la richesse).
- La prise de position de l’Etat de rentabiliser (gagner des sous) avec l’Hôtel de la Marine.
Suite à ses réactions (soutenues par des personnalités et intellectuels de la France), le Président de la République a proposé la création d’une commission (suite aussi à la proposition de loi du Sénat voir plus haut) lors de ces vœux à la Culture et à la Communication de ce début d’année.
En quoi cette polémique pose-t-elle un débat dans la politique patrimoniale ?
La question posée à travers cette réaction est le devenir de notre patrimoine. A ce jour, de nombreux bâtiments ne vivent plus (inoccupés, coûtent à l’Etat ou aux collectivités territoriales…). Il est donc important de leur donner une seconde chance une seconde vie. Mais à quelle condition ?
Je vous laisse donc réfléchir cette question et espère pouvoir en discuter avec vous.
Écrit par : Laure B.
Écrit par : Laure B.
J'ai entendu,ici et là, un peu de tout autour de l'Hôtel de la Marine.
RépondreSupprimerPremièrement, ce que je trouve regrettable, c'est le déménagement de l'état major de la Marine Nationale, puisque "la Royale" était le fer de lance de la puissance militaire du royaume, et l'est encore aujourd'hui d'une certaine façon.
Il faut bien voir que derrière ce déménagement, il y a une volonté manifeste de faire des économies d'ordre patrimoniale au sein des armées, et ce depuis quelques années (réhabilitation de casernes désaffectées...).
Ensuite, je dirais qu'il est normal que l'Hôtel de la Marine reste à la propriété de l'état. Mais les levés de boucliers de bon nombre de collectifs sont, je trouve, un peu excessifs. Bien que je respecte les associations, En France, et ailleurs (aux USA), les mouvements associatifs et autres collectifs ont un poids de plus en plus important, mais ont tendance à s'agiter un peu vite, et ne participent pas d'emblée à la lisibilité de la situation.
Il me semble que Mr Valéry Giscard-Destaing a été nommé à la tête de la commission sur l'Hôtel de la Marine. Cette commission va permettre je l'espère, de mettre autour de la table associations, état, investisseurs et créateurs.
Enfin, personnellement, je ne suis pas très chaud pour installer un musée de l'histoire de France dans ce bâtiment. Il y a suffisamment de musées dans Paris, et l'histoire de France ne peut pas de résumer dans un bâtiment. Cela reviendrait à essayer de faire rentrer le pays à l'intérieur. Un peut réducteur nom?
Et puis ne tombons pas dans la facilité des musées pompeux...un peut de créativité et d'audace!!
Un bâtiment aussi bien situé, dans un environnement aussi fréquenté, doit être attractif. Mais pour cela je ne prétends pas avoir la solution miracle...j'attends les projets concrets et respectueux des nombreuses richesses intérieures qui ont la force de l'Hôtel de la Marine...Tant qu'ils n'installent pas un Mc Café ou une Brioche Dorée!!
Je suis assez d'accord sur la question de créet un énième musée... Paris est assez gavé comme ça.
RépondreSupprimerAlors déjà je me dis qu'il va avoir une lourde réflexion sur la programmation et même à l'échelle de la ville car bon, c'est bien beau de faire un lieu culturel, mais n'empêche, on ne pense pas à l'habitat, au lieu associatif, lieu de travail...
Ensuite, peut être que c'est l'occasion de vraiment mettre en place des partenariat public privée et que l'état, lorsqu'il délègue un bâtiment d'une telle richesse, impose au nouveau locataire ou propriétaire des obligations ou des contre-indications. A voir aussi avec le système de concession, pour qu'il conserve le bâtiment.
Bref, je pense qu'il y a un long chemin mais qu'on n'est pas obligé de muséifier tout le patrimoine français. La ville bouge sans cesse, se détruit, se reconstruit, se développe, se rétrécit : et là on se retrouve sur la question, faut-il tout conserver ? quelles traces garder ? à méditer...
http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/02/01/hotel-de-la-marine-la-bataille-prend-fin_1637362_3246.html
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/culture/article/2012/01/24/le-louvre-aura-la-responsabilite-de-l-hotel-de-la-marine_1633884_3246.html#ens_id=1601191
Un petit tour d'horizon de ce que deviendra ce bâtiment! Un Musée !
Merci laure pour tout ça!