6 février 2011

POLITIQUE ET PRATIQUE | L'OFFICE PROFESSIONNEL DE QUALIFICATION DES URBANISTES : EN ROUTE POUR LA RECONNAISSANCE ?

Le POS, un vieux sujet, mais l'image représente assez bien là, où l'urbaniste peut intervenir

Aujourd'hui, j'interviens à nouveau sur Vis[LE] pour vous parler de l'un de mes sujets récurrents : l'urbaniste VS l'architecte et l'ingénieur. Après mon premier article réalisé sur la question en mai dernier , je vous écris aujourd'hui pour vous parler d'une conférence de l'OPQU, qui s'est déroulé jeudi 3 février 2011 à l'Institut d'Urbanisme de Grenoble (IUG pour les intimes).
L'OPQU, c'est-à-dire, l'office professionnel de qualification des urbanistes, est l'une des premières étapes visiblement dans l'établissement et la reconnaissance d'un statut, d'une profession.

Histoire d'être un peu polémique : et oui, les urbanistes, on entend beaucoup parler! Mais vous expliquer exactement ce qu'il font... A partir de ce moment là, ça devient complexe. Je parle en connaissance de cause, moi-même je viens de finir ma formation en septembre, et lorsque les personnes me demandent ce que je fais exactement, je rigole un peu moins. L'urbaniste travaille avec les élus, il fait de l'aider à la décision. Il analyse et propose un diag sur territoire, il peut faire de la conception urbaine.  Il propose des projet sur de grands territoires. Il communique son projet... (J'avoue, je suis dans l'extrême caricature)
Il pose des problèmes, alors que l'architecte propose la ou les réponses à donner. La pluridisciplinarité atteint son seuil le plus élevé : on touche à l'économie, l'environnement, la sociologie, l'architecture, l'ingénierie, le droit... Bref, une belle marguerite. Mais n'empêche, cela reste compliquer tout ça à expliquer.

Le problème actuel est pour un grand nombre, un manque de reconnaissance face à d'autres métiers beaucoup plus prestigieux, comme "l'architecte" ou "l'ingénieur", avec qui l'urbaniste collabore. Effectivement, eux, ils sont portés et reconnus par un "ordre", ce qui leur définit un statut, à la sortie d'une école professionnalisante. A la sortie, on s'inscrit à l'ordre et hop, on peut exercer à travers un code déontologique, et une assurance. C'est ce que l'office cherche à mettre en place en quelque sorte, mais il existe tout de même 3 manières différentes pour avoir cette qualification. 1ère option : après un master d'urba  ou IUP ( mais 4semestres  minimum + stage au moins); 2 ans d'expériences pro en urbanisme, nous pouvons demander la qualification. 2ème option : après un master quel qu'il soit et 5ans d'expérience en urba. 3ème option :  10 ans d'expérience en urbanisme.
"Pour construire une profession réglementée, il faut commencer par une formation professionnelle". Cette phrase m'a marqué Jeudi soir, car je la trouve très vraie. En effet, pour être urbaniste, il y a concrètement 15000 parcours différents. Rien qu'en France, nous pouvons trouver au moins 50 formations contenant : aménagement du territoire ou urbanisme. Si il fallait s'uniformiser, ça serait peut-être une piste à creuser indéniablement...

En parallèle, il y a aussi le fait, que c'est un métier que l'on peut dire "jeune", sans vraiment l'être en fait. Dans l'antiquité, on s'intéressait déjà à la ville et à comment la construire. Pendant longtemps, l'urbaniste était un acteur du territoire attaché aux services publiques, qui depuis la décentralisation au début des années 1980, a dû revoir entièrement son rôle dans sa collaboration, majoritairement avec les municipalités et autres collectivités locales. Et depuis peu (environ 20 ans), nous pouvons en trouver exercer de plus en plus en libéral. Face à sa lourde tache, qui reste en grande partie de l'aide à la décision auprès des politiques sur les actions à mener dans leur projet de ville, l'intérêt aujourd'hui de mon discours est de comment au final "protéger la responsabilité de l'acte de l'urbaniste", clairement citer jeudi soir.

Ce qui arrive trop régulièrement, c'est que ces responsabilités tombent entre les mains de non spécialistes de ces questions, notamment des architectes (petite critique grinçantes ! Je le suis également. mais une non complexée de dire "chacun son métier" en voyant les lourdes taches de chacun"...). Ils ne sont ni formés pour ce genre d'activIté pour certains, et donc ils n'ont trop souvent aucune idée de ce qu'ils doivent faire pour réaliser un PLU ou un SCOT. Par exemple, un PLU prend 18mois minimum  (entre 24 et 36 mois en général) pour le mettre en œuvre. Et cela coûte, 35 000€ (pas cher pour la quantité de taf...). Ces prix sont  souvent cassés, comme en zone rurale où certains atteignent des prix dérisoires de 10 000€ :  car fixer par des gens qui ne connaissent pas l'ampleur de la tache. Alors qu'en contradiction, ce sont des endroits où les urbanistes sont vraiment nécessaires, mais bon, c'est généralisé pour l'ensemble des autres professions.... Car il faut le dire, peu de personne n'a vraiment envie d'aller se terrer au fin fond de la campagne ardéchoise, ou dans la creuse (sexy comme endroit), pour travailler. 

Pour détendre un peu l'atmosphère, nous avons également un avenir certain, à part à la campagne, auprès des privées, des promoteurs et différents bailleurs, sans oublier les banques, avant qu'il ne produisent des projets massacrants ! Autant "prévenir", même si aujourd'hui, nous sommes dans une phase où nous tentons de soigner tant bien que mal, ce qui a été réalisé depuis 50 ans...

Bilan aujourd'hui : un peu plus de 600 personnes sont inscrits à l'OPQU, mais en réalité, il est difficile de définir exactement, qui en France déclare ouvertement être "urbaniste".



Je ne peux pas dire vraiment si l'OPQU, c'est bien ou c'est mal. Le seul compromis qui me parait le plus intéressant pour le moment, c'est cette ouverture, mine de rien, sur la pluridisciplinarité qui fait la particularité et la mentalité de ces urbanistes. Le jour, où il y aura un ordre, il y aura une fédération de ces professionnels et leur reconnaissance sera assurée. Et j'aurai tendance à vouloir être "pour", surtout lorsque j'entends des étudiants en master d'archi "les urbanistes peut-être qu'ils ne servent pas trop à grand chose"...  (grincement intérieur... mais on peut en discuter si vous voulez...)

Ce dont j'ai peur par contre, c'est que le fait d'entrer dans un milieu "fermé", pourrait détruire cet esprit presque "multiculturel"  voir presque respectueux des savoir-faire de chacun que j'apprécie la dedans, où en architecture j'ai eu dû mal à me retrouver face au enjeux de notre société actuelle !


Écrit par : Charline S.

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