Rappelez-vous le désordre des marchandises sur les quais,
les cris, les accrochages entre les bateaux de gros tonnage et les petites
embarcations… ! Souvenez-vous de la
tradition du négoce marseillais !
Port de Marseille, 1826, Alphonse Moutte (CCIMP) |
Nous sommes au début du XVIIIème siècle et les
quais marseillais s’apprêtent à vivre une révolution économique, technique et
urbaine. Sur le modèle anglais de Liverpool, Marseille adopte les « docks ».
Ce terme désigne les bassins flottants permettant de maintenir à quai les
bateaux dans les manœuvres de transbordement, et ce, sans craindre les
mouvements de la marée. L’aventure de la modernité à la sauce british, permettrait
au port d’accueillir en un même lieu les docks, les entrepôts, les machines… En
somme de centraliser les opérations. Et ce gain d’efficacité attirerait la
haute navigation commerciale à la défaveur d’autres ports plus ancrés dans l’histoire.
Le chemin de fer précipite le choix de La Joliette et l’inauguration
a lieu en 1853. Le plan du port se dessine en trois actes : les quais de
rives forment un angle obtus et sont repris sur la mer ; une grande jetée
est tirée au large et parallèlement aux rives afin de bloquer la houle et les
anglais ; des traverses perpendiculaires délimitent une série de bassins. Les édifices comprennent des hangars ouverts
sur la voie publique et un grand entrepôt (édifice le plus couteux et le plus
grand de la ville au XIXème). Aussi les treuils, les grues servent
de passage vers les rails. Les docks sont une immense machinerie de 2 ha mais
qui reste cohérente et fluide grâce au concours de P. Talabot (financeur et
propriétaire) et G. Desplaces (ingénieur spécialisée dans la maçonnerie), les deux
pilotes de ce projet.
La figure de proue reste le grand entrepôt. Il s’appréhende
comme un train puisque 5 corps de bâtiments se succèdent. La locomotive
est ici représentée par l’Hôtel d’Administration de la Compagnie, un élégant
immeuble de brique et de pierre érigé dans un style néo-Louis XIII. Derrière,
les wagons sont des copiés-collés d’une typologie qui promeut une cour centrale
ouvrant sur les quais par des portes cochères et bordée sur trois côtés par six
étages. La fonte s’ajoute aux matériaux pour limiter les risques d’incendie et
pour rythmer l’espace en module de stockage de 500 m².
L'Hôtel d'Administration de la Compagnie et les docks (Terris, 1875, Archives Municipales de Marseille) |
Les docks-entrepôts sont alors jugés par les ingénieurs
comme la finalité d’une expérience vécue à Liverpool, Londres, Le Havre,
Hambourg pendant près d’un siècle.
Pour en savoir plus :
http://www.marseille-tourisme.com/fr/decouvrir-marseille/marseille-et-son-patrimoine/les-docks/
C. Jasmin, 1991, « La marque de génie », in Marseille au XIXè siècle,
Rêves et Triomphe, Ed. Musées de Marseille
J.L. Bonillo, R. Borruey, D. Espinas, A. Picon, 1992, Marseille, ville et port, Ed.
Parenthèses
Écrit
par : Raphael B.
Sources
:
Les docks de La
Joliette, édité par la ville de Marseille
avec l’Office du Tourisme
CCI Marseille Provence
CCI Marseille Provence
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