Revenant tout juste d'un périple au fin fond de la Roumanie, et travaillant actuellement sur les villes rétrécissantes ("shrinking cities" of course et notamment sur Sulina, petite ville roumaine à l'embouchure du delta du Danube), j'ai ressenti le besoin de vous parler aujourd'hui de l'avenir de nos villes.
Il faut donc imaginer les villes comme des organismes vivants : elle naissent, elles grandissent et parfois meurent. Elles peuvent donner l'impression de se développer au rythme des battements d'un cœur... Et je peux encore donner beaucoup d'images de ce type. En tout cas, tout ceci pour au final,vous parler de deux phénomènes ancestraux : leur rétrécissement et leur développement. Aujourd'hui, nous pouvons supposer qu'ils ont été "accentué"/"accéléré" avec le phénomène de la "mondialisation".
Ces mêmes phénomènes laissent également des traces sur notre territoire et racontent des histoires sur nos vies, et c'est ce qui va m'intéresser plus particulièrement ici.
Il faut donc imaginer les villes comme des organismes vivants : elle naissent, elles grandissent et parfois meurent. Elles peuvent donner l'impression de se développer au rythme des battements d'un cœur... Et je peux encore donner beaucoup d'images de ce type. En tout cas, tout ceci pour au final,vous parler de deux phénomènes ancestraux : leur rétrécissement et leur développement. Aujourd'hui, nous pouvons supposer qu'ils ont été "accentué"/"accéléré" avec le phénomène de la "mondialisation".
Ces mêmes phénomènes laissent également des traces sur notre territoire et racontent des histoires sur nos vies, et c'est ce qui va m'intéresser plus particulièrement ici.
Ces deux phénomènes se perçoivent, pour faire simple, autour de 3 facteurs : l'économie (enrichissement ou non), la population (accroissement ou non, les différents indices de renouvellement de la population...) et pour finir les transformations du territoire (développement, étalement, densification ou abandon voir disparition...). Il y a bien sûr un tas d'autres facteurs, mais il me semble (diverses lectures à l'appui) que ce sont les principaux à retenir.
A l'heure où la question de la patrimonialisation de notre environnement est au cœur de nos débats contemporains, les évolutions actuelles de nos villes requestionnent complètement cette notion.
Par exemple, nous pouvons voir que de nombreuses villes subissant le phénomène de rétrécissement (aux USA comme Detroit, au Royaume-Uni, en France, dans les anciens pays communistes comme en Allemagne de l'Est...) laissent derrière elle un patrimoine plus ou moins particulier racontant son histoire passé. Je pense aussi par là aux anciens sites industrielles de l'époque moderne.
A l'inverse, ces villes qui se développent, exponentiellement pour certaines, ont besoin d'espaces , s'étalent très souvent et renouvellent sans cesse les espaces bâtis. Parfois cela touche des zones abandonnées, les friches, ou au contraire, des espaces vécus, comme il a pu se produire dans certains centres-villes historiques.
De mon expérience à Sulina, j'ai été très marqué par sa situation actuelle que j'ai envie de dire, "presque d'alarmante". Siège de la Comission Européenne du Danube (première union de pays en Europe, entre 1856 et 1937) une position stratégique à l'embouchure du Danube, elle était une véritable ville cosmopolite au cœur des échanges et pendant sa période la plus prospère, elle accueillait plus de 15 000 habitants. Cette époque a laissé une forme urbaine propre, une typologie de bâti et une architecture vernaculaire particulière (bois et roseaux). Par la suite, l'ère communiste a favorisé le développement forcé de la ville à travers la création de polders agricoles à l'arrière de la ville, la création d'une conserverie et le développement du chantier naval. Mais à côté de ça, d'autres bras du Danube ont été favorisé pour les échanges fluviaux comme le canal passant par Constanta, construit à cette époque là afin de rejoindre la mer Noire plus rapidement et renforcer ce port. En plus d'une économie difficile à redémarrer après la seconde guerre mondiales, ça a été l'un des facteurs initiant le rétrécissement de Sulina. Aujourd'hui, elle compte moins de 5 000 habitants, (avec des perspectives à peine plus haut que 3 000 d'ici 20ans). Après la privatisation post-communiste, son économie ne s'est jamais vraiment relancée et cela s'est vu dans la fermeture de la conserverie et le développement du marché noir chez les pêcheurs. Pour finir, de nombreux édifices et îlots sont de plus en plus abandonnés qui pourtant contiennent une belle architecture (XIXème, XXème). Sans oublier ses réseaux urbains et diverses infrastructures désuètes peu entretenues, même si il existe un programme en cours sur la mise en conformité du réseau d'eau potable en partie par les financements de l'Union Européenne.
Alors qu'une richesse patrimoniale existe, une base culturelle marquée est encore très présente dans les modes de vie de la population. La ville, aidée et financée par l'Union Européenne, envisage de développer un centre touristique lourd sur les anciens polders agricoles, qui aujourd'hui accueillent "cheveux et vaches".
Au programme : centre équestre, terrains de golf, équipements sportifs, lotissement... Mais que font-il de l'ancienne conserverie et de chantier naval ? des logements communistes dégradés ? de la survie de l'économie locale comme l'appui au pêcheurs ? Tout ceci dans une idée d'enrichissement et du développement impératif de masse.
Paradoxe : que proposeront-ils dans les plans sachant qu'ils restent dans un milieu classé au patrimoine mondial de l'UNESCO !?
Et je pense qu'il y a beaucoup d'autres cas dans ce genre !
Pour finir, je reviens aux problèmes de fond en vous laissant réfléchir sur quelques questions :
Que faire de ces villes qui disparaissent ? Les laisser mourir ? Les préserver ? Les re-développer ?
N'est-ce pas l'image de notre société en mouvement continu et/ou cyclique ?
A l'inverse, ces villes qui se développent, exponentiellement pour certaines, ont besoin d'espaces , s'étalent très souvent et renouvellent sans cesse les espaces bâtis. Parfois cela touche des zones abandonnées, les friches, ou au contraire, des espaces vécus, comme il a pu se produire dans certains centres-villes historiques.
De mon expérience à Sulina, j'ai été très marqué par sa situation actuelle que j'ai envie de dire, "presque d'alarmante". Siège de la Comission Européenne du Danube (première union de pays en Europe, entre 1856 et 1937) une position stratégique à l'embouchure du Danube, elle était une véritable ville cosmopolite au cœur des échanges et pendant sa période la plus prospère, elle accueillait plus de 15 000 habitants. Cette époque a laissé une forme urbaine propre, une typologie de bâti et une architecture vernaculaire particulière (bois et roseaux). Par la suite, l'ère communiste a favorisé le développement forcé de la ville à travers la création de polders agricoles à l'arrière de la ville, la création d'une conserverie et le développement du chantier naval. Mais à côté de ça, d'autres bras du Danube ont été favorisé pour les échanges fluviaux comme le canal passant par Constanta, construit à cette époque là afin de rejoindre la mer Noire plus rapidement et renforcer ce port. En plus d'une économie difficile à redémarrer après la seconde guerre mondiales, ça a été l'un des facteurs initiant le rétrécissement de Sulina. Aujourd'hui, elle compte moins de 5 000 habitants, (avec des perspectives à peine plus haut que 3 000 d'ici 20ans). Après la privatisation post-communiste, son économie ne s'est jamais vraiment relancée et cela s'est vu dans la fermeture de la conserverie et le développement du marché noir chez les pêcheurs. Pour finir, de nombreux édifices et îlots sont de plus en plus abandonnés qui pourtant contiennent une belle architecture (XIXème, XXème). Sans oublier ses réseaux urbains et diverses infrastructures désuètes peu entretenues, même si il existe un programme en cours sur la mise en conformité du réseau d'eau potable en partie par les financements de l'Union Européenne.
Alors qu'une richesse patrimoniale existe, une base culturelle marquée est encore très présente dans les modes de vie de la population. La ville, aidée et financée par l'Union Européenne, envisage de développer un centre touristique lourd sur les anciens polders agricoles, qui aujourd'hui accueillent "cheveux et vaches".
Au programme : centre équestre, terrains de golf, équipements sportifs, lotissement... Mais que font-il de l'ancienne conserverie et de chantier naval ? des logements communistes dégradés ? de la survie de l'économie locale comme l'appui au pêcheurs ? Tout ceci dans une idée d'enrichissement et du développement impératif de masse.
Paradoxe : que proposeront-ils dans les plans sachant qu'ils restent dans un milieu classé au patrimoine mondial de l'UNESCO !?
Et je pense qu'il y a beaucoup d'autres cas dans ce genre !
Pour finir, je reviens aux problèmes de fond en vous laissant réfléchir sur quelques questions :
Que faire de ces villes qui disparaissent ? Les laisser mourir ? Les préserver ? Les re-développer ?
N'est-ce pas l'image de notre société en mouvement continu et/ou cyclique ?
De l'autre côté, nous avons aussi ces villes attractives, attachées aux réseaux mondiales, en perpétuel transformation, de véritables recycleries urbaines, qui semblent les manger.
Au final, faut-il tout garder dans une ville ? Quel est l'intérêt ? est-ce un bon argument de valorisation d'un territoire ?
Écrit par : Charline S.
Au final, faut-il tout garder dans une ville ? Quel est l'intérêt ? est-ce un bon argument de valorisation d'un territoire ?
Écrit par : Charline S.
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