26 janvier 2012

SECRETS DES VILLES | LE CORBUSIER A FIRMINY

« UTOPIES RÉALISÉES »  épisode 4

Je suis passée plusieurs fois par l’autoroute qui contourne Firminy en regardant l’unité d’habitation en surplomb, et en me disant qu’il faudrait bien que je visite ce site un jour. Et bien c’est chose faite et je vous fait partager la visite de Firminy-Vert.

FIRMINY NOIR, FIRMINY VERT


Firminy se trouve à une dizaine de kilomètre de St Etienne, dans une région  très marquée historiquement par l’exploitation des mines. Les industries de sidérurgie et de métallurgie y ont prospérées au XIX et XXième siècle, ce qui lui donnera le surnom de « Firminy la Noire ». Cet essor s’est accompagné d’un accroissement de population et le maire s’inquiète des taudis qui s’installent.
Le maire, c’est Eugène Claudius Petit, ancien résistant et Ministre de la Reconstruction. A Firminy, il élabore sa « politique de construction », en mettant en place des projets ambitieux : rénover entièrement le centre ville et créer une extension : « Firminy Vert », en opposition à Firminy la Noire. 


SOLEIL, ESPACE, VERDURE
  Comme aux Gratte-Ciel de Villeurbanne, ou aux Etats-Unis à Lyon, le maire fait équipe avec un architecte visionnaire, ici ce sera Le Corbusier. Néanmoins, à la même époque, Le Corbusier vient d’inaugurer son unité d’habitation à Marseille et il a mauvaise presse. Il faudra laisser passer un peu de temps avant que le maire confit des projets au Corbusier. En attendant, une équipe d’architectes prend le relais : André Sive, Marcel Roux, Charles Delfante et Jean Kling. Leur plan suivra la Charte d’Athènes, qui est le document de référence de l’architecture et de la ville moderne, écrit en parti par Le Corbusier en 1933. Cette Charte énonce  95 propositions pour une cité idéale où l’on « habite, travaille, se récrée et circule ».
A Firminy, le but partagé par les architectes et le maire est de parvenir au bonheur social, par l’architecture. Ils souhaitent des habitats dignes, avec de la lumière, de la nature et du confort :
« Il faut bâtir la ville dans le soleil, il faut la bâtir dans la lumière. Il faut la bâtir avec la nature retrouvée autour des villes. Cela commande notre urbanisme. Il faut la construire avec dignité et cela commande notre architecture. Il faut la construire dans la simplicité puisque nous sommes pauvres. »
Eugène Claudius Petit

Le projet débute en 1954 et se déroule en étapes. Les premiers logements sont construits, dont 2 immeubles de 10 étages. Les autres bâtiments seront plus bas. Les immeubles sont disposés de manière à ne pas se faire d’ombre mutuellement. En ce qui concerne la circulation, les piétons sont au centre, les voitures autours, et au milieu les logements. Les accès piétons et les espaces verts prennent une place majeure dans le projet. Pour se rendre compte de l’importance du projet, quelques chiffres : Firminy Vert c’est 15 hectares, 1077 logements, soit plus de 4000 habitants ! Des équipements modernes viendront compléter l’ensemble : des écoles, un supermarché, un lavoir automatique (le premier lavoir automatique français).

LE CORBUSIER 

 [ Un petit mot sur Le Corbusier : architecte emblématique de l’époque moderne, son vrai nom est Charles-Edouard Jeanneret. Il est né le 6 octobre 1887 à la Chaux-de-Fonds, dans le Jura Suisse. Il a fait des études d’art, puis a poursuivit en autodidacte, à travers de nombreux voyages.
Il est aujourd’hui une référence à l’échelle mondiale et le site de Firminy est son plus grands  plus ensemble architectural d’Europe. ]

La Maison de la culture
En 1958, Le Corbusier se joint à l’équipe, pour concevoir le « pôle culturel et sportif » : une maison de la culture et un stade pour avoir « un esprit saint dans un corps saint ». Le Corbusier envisage d’installer les gradins contre la maison de la culture, mais au final, ils lui feront face. La maison de la culture est installée sur un rocher, visible du stade. Cette roche est une trace de l’ancien front de taille de la carrière des « Razes », d’où était extraite la pierre pour construire le centre de Firminy. Le bâtiment semble en équilibre avec sa façade incliné et son toit incurvé. Ce dernier est une total innovation : la toiture en béton tient grâce à des câbles tendus. Quant à la façade inclinée, elle contient des gradins. La façade et la galerie intérieure sont rythmées par des baies colorées. Cette composition, comme celle dessiné au couvent de la Tourette, est inspirée de la musique du compositeur Xénakis.
Classé Monument historique depuis 1984, la Maison de la Culture est toujours en activité. 

L’unité d’habitation
En 1959, le maire refait appel au Corbusier pour pouvoir loger 1800 personnes. Mission acceptée par le Corbusier, à travers son concept de « village vertical ». Le projet de 3 unités se réduira finalement à 1'unité d’habitation.
 
Attention, une question pour les connaisseurs : quels grands principes du Corbu retrouvent-t-on ici ? Facile, il y a (en désordre) les pilotis, les façades libre, du béton brut, le toit terrasse, des rues intérieures, une orientation selon la courbe du soleil et des plans basés sur le Modulor.
Placé en hauteur et composé de 17 étages, l’immeuble marque le paysage. Les pilotis libèrent le rez-de-chaussée et permettent la vue sur la nature. A l’intérieur, des jeux de lumière et de couleur rythme les parcours quotidiens des habitants. En tout, il y a 414 cellules d’habitation.
Ces logements étaient des logements sociaux dont la moitié aujourd’hui est passée en copropriété. Une école occupe le dernier niveau, mais elle a fermée en 1998. Dommage, car l’unité d’habitation est éloignée du reste de la ville, ce qui nécessite l’usage de la voiture. Et le centre commercial n’existe pas car il était prévu avec les 3 unités.

L’église Saint-Pierre
En 1973 débute la construction de l’église Saint-Pierre. Mais les travaux s’interrompront de nombreuses fois. En 1996, l’église est classée aux monuments historiques et le chantier redémarre en 2003. C’est donc récemment qu’elle a été achevée, le 2006. L’année suivante, elle célèbre sa première messe et le centre d’interprétation est inauguré.
L’église de 33m de haut est construite en béton autoplaçant. Tout autour de cette coque, se déroule un système de récupération d’eau de pluie. A l’intérieur j’ai l’impression d’un un volume énorme qui s’élève. Ce qui est marquant aussi, c’est les divers moyen de capter la lumière du soleil : sur la façade Est des petits points lumineux dessine la constellation d’Orion ; des puits de lumière rond et carré se trouvent tout en haut ; et des ouvertures plus basses offrent une lumière indirecte ; de plus, l’épaisseur de ces ouverture est coloré, ce qui égaye la monotonie du béton et rappelle la lumière filtrée par les vitaux.
L’église en elle-même prend place dans la partie haute. La partie basse, initialement dédiée aux activités paroissiales, est aujourd’hui un centre d’interprétation dur l’œuvre de Le Corbusier.

Le Corbusier n’aura vu que la maison de la culture achevée. Mort en 1965, c’est André Wogenscky qui poursuivra les chantiers : stade,  piscine (qui porte son nom), église et unité d’habitation.

Le quartier a été récompensé en 1961 par le grand prix d’urbanisme pour la France, et est aujourd’hui classé patrimoine XXième et placé en ZZPAUP. (qu'est-ce qu’une ZZPAUP ? cliquer ici).

La visite de Firminy Vert s’arrête ici, mais n’hésiter pas à faire des commentaires ou à poser des questions. Et pour visiter les lieux, je vous laisse consulter les liens suivants, et rendez-vous bientôt pour la prochaine et dernière utopie réalisée.

Sources:
http://lecorbusier.ville-firminy.fr/
http://www.zevisit.com/tourisme/firminy

Photos : Aurore.B et google images
Écrit par : Aurore.B




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