Aujourd’hui quartier très populaire, la Villeneuve est souvent dénigrée et oubliée par la population de Grenoble centre et des architectes. Et pourtant, je pense que ce projet est encore d’actualité dans la thématique du développement durable. Petit bout de ma vie : j’ai toujours voulu faire découvrir ce quartier, sa richesse, son histoire… En écrivant cet article, je veux vous donner l’envie de vous y promener et de regarder en l’air. Cassons l’image négative du quartier, et regardons comment est organisée cette cité utopique de la fin des années 60.
La Ville Neuve qui s’étend en partie sur Grenoble, en partie sur Echirolles, constitue, par son centre, le premier élément d’un nouvel aménagement de la ville. Ce centre, en liaison directe avec le reste de l’agglomération, regroupe tous les services pour les 200 000 habitants de la zone Sud.
Le projet se voulait révolutionnaire. On parle de super structure : grand principe de la forme et réflexion sur la fonctionnalité des différents espaces de vie. Dirigé par le Cabinet LOISEAU et TRIBE : AUA (cabinet parisien fermé en 1984), le projet est lancé par une équipe composée d’architectes, de sociologues, d’urbanistes, de paysagistes et d’enseignants. Il regroupe 5 grands principes de construction : l’habitat, les espaces verts, la circulation piétonne, les services et la mixité sociale.
L’Habitat : Les immeubles sont élevés permettant une forte densification, mais n’ont pas la forme de barre (type Duchère sur Lyon). Ils prennent l’image de la chaîne de Belledonne en surplomb avec une configuration en crique, permettant pour le voisinage une proximité sans gêne. Des coursives desservent environ une trentaine d’appartements. Le plan des logements a la volonté de créer un espace de vie sur plusieurs niveaux, et malgré les nombreuses modifications du projet originel, cette envie a été respectée. Le plan reprend les appartements dominos de LE CORBUSIER : des boites s’imbriquant les unes dans les autres.
Les Espaces verts : Les immeubles sont en périphérie d’un parc de 11 hectares. L’idée de construction de butes est prise. Elles permettent de rompre l’horizontalité et de créer un paysage urbain. La terre qui les compose provient exclusivement de celle que l’on a enlevée pour réaliser les fondations des immeubles. Un bassin peu profond donne l’image d’un lac et fait le bonheur des petits et des grands pendant les grandes chaleurs de l’été. Le paysagiste Michel COURAJOUD a conceptualisé cet espace comme la reconstitution d’un espace rural, une image de la « nature » :
« Je voulais donc que le projet du parc transfère, d'une manière ou d'une autre, sur cet espace laissé libre de toute construction, certains signes et figures capables de témoigner de l'attachement que j'ai, bien que citadin de longue date, pour mon histoire paysanne. »
Michel COURAJOUD
Michel COURAJOUD
La Circulation piétonne : en dessous et au milieu des immeubles. Le principe était d’extérioriser la voiture afin de rendre l’espace aux habitants. Sur le même principe que le Village Olympique (résidence des sportifs lors des JO de 68), les voitures sont garées dans des parkings à l’extérieur de la cité. Sont privilégiés le cheminement piéton et les transports en commun. Des passerelles piétonnes desservent le centre commercial Grand Place, les arrêts de tramway et Alpexo.
Des services : De nombreux services aux habitants au pied des immeubles : équipements publics (écoles, collège, crèche, centres de santé, animations socioculturelles, sport, piscine, etc..), ainsi que magasins et marché dans la partie centrale. La coordination des équipements et des professionnels était assurée par l'AEPASC, éducateur, animateur, etc ; en lien aussi avec des associations d'habitants et parents. Ces services expriment une volonté de créer des espaces diversifiés et agréables, ouvrir les esprits, ouvrir à la culture pour tous…
Un principe de Mixité Sociale : A l’origine, le projet consistait à mettre dans un même immeuble des appartements de type HLM et des accessions à la propriété, mélange de population de niveau financier et culturel différents, ainsi que d'origines différentes. Aujourd’hui, la ghettoïsation des classes difficiles et l’image négative qu’elle provoque fait disparaître cette mixité et accentue de plus en plus ce phénomène.
La situation, depuis 68, a évolué. Le logement était moins cher. Mais surtout le climat social était à l'ouverture à l'autre et aux différences, aux nouvelles pédagogies ; alors qu'on assiste aujourd'hui au repli communautaire et au renfermement sur soi. Le sentiment d'insécurité est important, alors que les statistiques d'agressions sont inférieures à celles du centre ville. La paupérisation des habitants a fortement augmentée, l'entretien du bâti se relâche (école, piscine... par contre les espaces verts sont très bien soignés). L’effet de ghettoïsation s’accentue de plus en plus.
Un projet de réaménagement est en cours par la municipalité de Grenoble. En guise de projet de réhabilitation, on ne peut accepter de démolir des logements, mettre des voitures dans le parc, ou éliminer les commerces ! Le quartier-nature réservé aux piétons est en phase avec notre époque, et il faudrait plutôt recréer l'esprit d'accueil et d'ouverture. Mettre le concept de ce projet en valeur, permettrait à la population de s’approprier les lieux ; le communiquer donnerait une nouvelle dynamique d’évolution urbaine pour le quartier.
Sources :
Diversité et Imbrication, Magasine : AA Architecture d’Aujourd’hui n°225, février 1983
Grenoble –Echirolles … ville neuve, Société d’Aménagement du Département de l’Isère, 1969
http://corajoudmichel.nerim.net/
http://patrimoine.vn.free.fr/
Écrit par : Laure
pourquoi ne pas démolir tout simplement rt restituer les paturages et les cultures en l"etat prealable ??
RépondreSupprimerpourqoi ne pas instituer une dubedout cratie ou une destot cratie et declarer l'independance de la villeneuve ??
RépondreSupprimerBonjour Anonyme,
RépondreSupprimerEn aucun cas, mon article est une prise de partie pour "l'indépendance de la Villeneuve". Le quartier fait parti des essais utopiques de l'architecture sociale au même titre que la Cité Radieuse de le Corbusier à Marseille. Aujourd'hui on se rend compte que cette autonomie (plutôt qu'indépendance) retranche les habitants au sein même du quartier. Ils n'en sortent jamais. Toutes les activités de loisir, le marché, le centre commercial, les écoles, Pôle Emploi se situent au sein même de la Villeneuve. Bon nombre de Grenoblois en sont contant "comme cela ils ne viennent pas dans le centre ville". (Propos raciste que je ne conçois pas.) J'ai travaillé bénévolement pour les ados des Géants, je peux te dire qu'une personne extérieure du quartier qui vient travailler gratuitement sans contrainte ni obligation c'est pour eux du "pas possible". J'en ai passé des soirées avec eux sur les butes du parc ou les pieds dans le lac. Je peux te dire que je n'ai jamais été aussi bien accueilli par les familles que là bas. 3 kékés font les petits crétins et donnent l'image d'envoyé spéciale, bien la France a sa dose de haine gratuite pour les prochaines semaines tout le monde est contant. Alors, oui il y a des défauts au niveau de la construction et de la politique de ghettoïsation, oui il faudrait l'ouvrir sur le reste de la ville. Mais, il faudrait aussi, que les gens du centre-ville n'est plus peur de s'approcher du quartier. Moi, je t'invite à venir te promener dans le quartier, de t'y perdre (c'est un vrai labyrinthe crois moi), d'observer, de flâner, de discuter avec les familles, les associations qui y vivent et je te promets ton regard changera.
Plus d'infos sur les Ateliers Populaires d'Urbanisme à la Villeneuve
RépondreSupprimerhttp://www.vill9.org