Cet article ouvre une semaine dédiée à la ville d’Istanbul, qui se déclinera dans trois publications.
Nous commençons donc par un article consacré à la vie à Istanbul quand on a les yeux d’une française :
Istanbul ne semble pas si différente des villes européennes. En effet, elle subit leur influence depuis qu’elle fut Constantinople et la capitale de l’Empire Romain, puis par la suite, elle devint la plaque tournante du commerce entre Occident et Orient.
Cependant la culture Ottomane, puis celle des turques de la République, ont façonné l’identité et l’image de la ville. Malgré ces trait communs avec les autres villes du pays, voire même du bassin méditerranéen, Istanbul demeure profondément différente de ses consœurs, tant dans la superficie que dans ses modes de vie.
Ayant habitée cette cité pendant environ 10 mois, j’ai voulu partager avec vous cette expérience unique. Je vous exposerai donc divers aspects de la ville qui m’ont semblé révéler son coté unique et qui ont changé mon regard sur les villes en général.
LES ESPACES VERTS
Istanbul s’est surtout développé sous la période Ottomane. Ce développement c’est principalement fait de manière vernaculaire, sans beaucoup de place pour la planification. La construction était dominée par la technique du bois pour ce qui est des habitations, et de la pierre pour les édifices publics. Ceci explique que seuls les édifices publics (mosquées, palais, école, …) étaient prévus et pensés à l’avance. La facilité et la maniabilité du bois permettait de construire rapidement et de faire des extensions tout aussi aisément. La ville a donc grandi de manière autonome pendant une grande période. Même si à la fin du 18ème, début du 19ème, certains plans d’organisation ont été adopté, pour des quartiers détruits ou à construire. Le mode de fonctionnement de la ville était en place, et est devenu pérenne. Pour exemple, le gecekondu (maison construite en une nuit et donc tolérée par les autorités) a été un mode de fabrication de beaucoup de quartier (aujourd’hui encore). Finalement, les espaces résiduels de la ville ont été peu à peu occupés ne laissant pas beaucoup de marge de manœuvre pour de la respiration. Et c’est ce qui manque le plus à la jeune occidentale que je suis. Beaucoup des grands espaces verts (jardin ou parc) sont extrêmement proches d’une route, voir même d’une autoroute. Je ne retrouvais donc pas les codes qui font de ces espaces, un lieu de calme, de retour à la nature et de détente … que l’on connait dans nos pays. Finalement après avoir étudié la ville et son histoire, il apparait que les stambouliotes vont chercher ce repos à l’extérieur de la ville, soit au nord sur les rives du Bosphore, soit au sud, sur la mer de Marmara (expl : les Iles aux Princes). Cependant ces lieux, sont ou seront menacés par l’étalement grandissant de la ville. Déjà, il ne reste plus de campagne sur les rives du Bosphore, et la ville s’étend presque jusqu’au bord de la mer noire et le long des côtes de la mer de Marmara. L’extension de la Ville au nord, dans les campagnes est donc un enjeu majeur. Reste cependant encore quelques réserves foncières pour la ville, occasion de recréer la campagne stambouliote à l’intérieure de ses frontières ? Plusieurs questions, se posent : faut-il en faire des espaces verts ou créer de nouveaux lieux, plus en phase avec les habitants ? Les stambouliotes adhéreront-ils à ces nouveaux modes de fonctionnement ?